LexisNexis-JurisClasseur : synthèse
La plateforme LexisNexis-JurisClasseur (LN-JCl) est un produit qui porte au niveau technique la marque de l’expérience de ses concepteurs américains en matière de moteur de recherche, d’ergonomie des interfaces, de facilité d’utilisation … et de tarification !
Points forts
Ergonomie
La plate forme est suffisament simple d’accès pour que les juristes fassent leurs recherches eux mêmes, une mini présentation par les documentalistes suffit. Permet, dans les structures où le documentaliste a d’autres fonctions, de le décharger des recherches faciles et répétitives. Toutefois, une formation et des piqûres de rappel (notamment sur les opérateurs, la sélection d’un ouvrage ou d’un groupe avant de chercher, le passage par le sommaire) sont nécessaires pour que les juristes en tirent la quintessence.
JurisClasseurs et Juris-Data
Côté contenu, on y retrouve les points forts des publications des ex-Editions du Juris-Classeur :
- matières : droits civil et pénal, procédure, droit administratif, droit notarial, droit commercial, propriété intellectuelle
- leur base de jurisprudence de cours d’appel (ex-Juris-Data), sans compter la jurisprudence des cours suprêmes amenée grâce à la licence Legifrance.
Points faibles
Un contenu plus limité qu’il n’y paraît au premier abord
Mais on y retrouve aussi les points faibles de l’éditeur :
- matières où le contenu de l’éditeur n’est pas la source préférée d’information des juristes : droit des affaires, surtout sociétés, ingénierie juridico-financière, concurrence, droit public, urbanisme – construction, droit européen, droit fiscal
- quant à la fraîcheur des fascicules des JurisClasseurs, elle s’est nettement améliorée sur les sujets « à la mode » (réformes notamment), mais reste très inégale.
Sur le plan du contenu, on note aussi :
- l’absence de six JurisClasseurs (Droit international, Monaco et quatres formulaires), de plusieurs revues (le Clunet (Journal du droit international), Actes pratiques – Ingéniérie sociétaire, les Cahiers de droit de l’entreprise, newsletter Actualité des procédures collectives) et de la totalité des publications ex-Litec (Droit pharmaceutique, Droit médical, Revue de droit bancaire et financier). Il semble que l’intégration de ces publications ne soit pas à l’ordre du jour pour 2007
- le très faible recul chronologique des revues mensuelles : elles ne commencent qu’en mai 2004.
Un prix très, voire trop, élevé
Les conditions commerciales manquent totalement de souplesse — c’est la logique du tout ou rien — et le prix est très élevé.
Ce choix commercial (beaucoup plus qu’éditorial) est néfaste pour la diffusion du droit (la jurisprudence des juridictions du fond est captive de la plateforme). Et attention à trois effets qui se produisent beaucoup plus vite qu’on ne le croit : hausse régulière des prix, d’où éviction des autres abonnements, et dépendance (i.e. incapacité à utiliser autre chose pour faire ses recherches). Or l’éditeur ne propose aucune archive et limite les téléchargements.
LN-JCl est donc un choix d’abonnement difficile pour les structures de taille moyenne cabinets de 20 à 60 avocats/juristes), et celles déjà bien équipées en papier, qui veulent éviter une augmentation non contrôlée de leur budget. Et le principe de tarification entraîne un coût financier très élevé pour les grandes entités.
Conseils :
- négocier avant de signer sans craindre la lenteur et la difficulté des avancées. Veiller à ce que cette négociation couvre le prix de la plateforme et le prix des abonnements papier (car ceux-ci sont inclus dans la négociation et les remises). Raisonner globalement en coût réel et pour une durée pluriannuelle. Chiffrer le surcoût global du papier et du online ensemble par rapport à son budget documentation et calculer le bénéfice (ROI). Le faire soi-même et très strictement
- attention aux augmentations de prix sur les abonnements papier (de l’ordre de 10% en 2007 avec des suppressions de remises)
- et faire inclure des clauses modifiant le calcul du nombre de productifs ou bridant les hausses de prix pour toute la durée du contrat
- diminuer éventuellement les abonnements papier au même niveau avant négociation. Après, ils seront liés
- ne pas lâcher la proie pour l’ombre (ne pas pratiquer l’exclusivité d’un éditeur aux dépends des autres)
- calculer le coût de l’information quel qu’en soit le fournisseur, et appliquer ce principe à tous les acteurs en présence
- poser la question d’une solution d’archive pour toutes les collections
- demander des statistiques d’utilisation
- si la structure est d’accord pour refacturer la consommation, demander l’accès au logiciel de refacturation développé par LN France
- préparer des alternatives crédibles.